Texte Ismael martin
Miroir, mon beau miroir… Ouverture des portes de l’espoir comme du désespoir. À lecture rapide des œuvres de Guillaume Mazauric, nous serions tentés de dire : rien à voir avec l’histoire. Une remise en contexte s’impose. Dans le livre Blanche-Neige des frères Grimm, le miroir magique porte le costume de la vérité et ne laisse aucune place au mensonge face aux interrogations récurrentes de la reine. C’est d’ailleurs sur ce principe même que repose l’intrigue du conte.
Transposée dans celle que nous raconte, à travers ses peintures et installations, Guillaume Mazauric, cette intrigue, si elle est bien le reflet de nos préoccupations, enfile un tout autre costume. Ici, la vérité s’est effacée, et si reine il y avait, elle se serait perdue dans le déroulement du fil d’actualité d’un réel fantasmé, qui apparaitrait sous nos yeux comme brouillé voir crypté, tant il revêt désormais les habits vendus par le monde merveilleux de l’artificialité. À l’inverse même du miroir de notre reine-sorcière, Guillaume Mazauric n’a pas ici l’ambition de répondre à une question mais plutôt d’apporter son interprétation. Nulle vérité générale n’émanera donc ni des œuvres de l’artiste, ni de ce texte prétexte à en décrire le contexte. Dans Blanche-Neige, ce qui pousse la reine à questionner quotidiennement son objet magique renvoie à l’image on ne peut plus contemporaine du sujet de la beauté et de sa subjectivité pesante, et plus largement du souci des apparences. Autrement dit, de l’image renvoyée au commun des mortels. D’images et de reflets, il en est également sujet dans la nouvelle Animaux des miroirs, tiré du Livre des êtres imaginaires de Jorge Luis Borges, qui inspire encore aujourd’hui fortement l’oeuvre de notre artiste peintre. Une nouvelle dans laquelle, plongés dans des temps anciens, deux royaumes qui communiquaient autrefois en paix, celui des humains et celui des miroirs, se livrent de sanglantes batailles afin que les uns prennent le contrôle sur les autres et les enferment dans un état léthargique. Aussi fantastique que machiavélique.